
En Afrique, 62% des systèmes de paiement instantané utilisent les protocoles USSD
Les protocoles USSD sont le canal de paiement instantané le plus utilisé en Afrique en raison de leur accessibilité. Les Systèmes de Paiement Instantané ont connu une croissance rapide sur le continent, avec 29 systèmes actifs en 2022, mais seuls quelques-uns montrent des signes de potentiel pour atteindre un état d’inclusivité mature en raison de défis réglementaires, de manque de transparence et de coûts élevés. En 2021, les SPI ont traité environ 16 milliards de transactions pour une valeur totale supérieure à 930 milliards de dollars.
Les protocoles USSD (Unstructured Supplementary Service Data) constituent le canal le plus utilisé par les systèmes de paiement instantané (SPI) en Afrique, selon un rapport publié en octobre dernier AfricaNenda, une organisation indépendante africaine qui œuvre pour le développement des systèmes de paiement instantané sur le continent, en collaboration avec la Banque mondiale et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique.
Le rapport précise que ce canal est proposé par 62% des systèmes de paiement instantané actifs sur le continent. D’autant plus que la technologie USSD offre l’avantage d’être accessible même sur les téléphones mobiles basiques et contribue largement à populariser les transactions numériques.
Étant donné que moins de la moitié (48 %) des connexions mobiles en Afrique subsaharienne se font par smartphone et que seulement 28 % de la population dispose d’une connexion à l’Internet mobile, la technologie USSD, qui ne nécessite ni l’un ni l’autre, est en effet capitale pour l’inclusivité.
Le rapport souligne dans ce cadre l’ascension rapide des SPI sur le continent, avec 29 systèmes actifs en 2022 (26 systèmes nationaux et 3 systèmes régionaux). Parmi ceux-ci, 72% des SPI prennent en charge les transactions de personne à personne (P2P) et de personne à entreprise (P2B).
10 % des systèmes seulement ont rendu possibles les paiements d’entreprise à particulier (B2P), de particulier à gouvernement (P2G), et de gouvernement à particulier (G2P), en plus des paiements P2P et P2B.
Sept SPI seulement intègrent actuellement les paiements G2P2.
Les 29 SPI cartographiés en Afrique peuvent être divisés en quatre types. Traditionnellement, les SPI d’argent mobile et les SPI bancaires exclusivement ont dominé. Toutefois, ils ont été rattrapés ces dernières années par les systèmes multisectoriels permettant le transfert instantané entre les comptes bancaires et les portefeuilles mobiles, qui constituent désormais le plus grand contingent de systèmes (10 SPI au total). Il existe par ailleurs un seul système basé sur une monnaie numérique de Banque centrale (MNBC), en l’occurrence l’eNaira au Nigéria.
16 milliards de transactions traitées en 2021
Le nombre total de SPI a augmenté en moyenne de 2,4 systèmes par an au cours des dix dernières années. Les SPI d’argent mobile ont connu une croissance considérable entre 2015 et 2018 alors que les plus récemment créés mettent l’accent sur l’interopérabilité multisectorielle.
Des SPI nationaux ont été recensés dans 20 pays. Cinq pays disposent cependant de plusieurs systèmes : le Nigeria (3), le Ghana (2), l’Égypte (2), le Kenya (2) et la Tanzanie (2)
L’ensemble ces systèmes de paiement instantané recensés en Afrique ont traité environ 16 milliards de transactions en 2021 pour une valeur totale supérieure à 930 milliards de dollars.
Entre 2018 et 2021, le nombre annuel des transactions a enregistré une croissance de 32% en moyenne par an tandis que la valeur totale de ces transactions a connu une croissance annuelle moyenne de 40 % par an.
En ce qui concerne les canaux utilisés, les SPI bancaires sont principalement axés sur les fonctionnalités en ligne (banque en ligne), celles des guichets automatiques et celles des terminaux de point de vente, et l’on constate un nombre croissant d’applications et de solutions à code QR.
Les SPI d’argent mobile proposent également de plus en plus de paiements par l’intermédiaire d’applications. En outre, près de 60 % des SPI offrent des canaux d’agences ou de distributeurs. Les SPI multisectoriels prennent en charge le plus grand nombre de canaux (5,7 en moyenne), contre 4,6 canaux en moyenne pris en charge par les SPI bancaires et 3,3 par les SPI d’argent mobile.
AfricaNenda fait remarquer d’autre part que malgré l’augmentation du nombre des SPI actifs sur le continent, seuls quelques-uns montrent des signes de potentiel pour atteindre un état d’inclusivité mature, en raison des défis réglementaires, du manque de transparence des données et des coûts élevés pour les fournisseurs de systèmes de paiement et les utilisateurs finaux. Cinq SPI seulement progressent vers le stade d’inclusivité mature. Il s’agit de l’ensemble des systèmes au Ghana, de GIMACPAY dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), de Natswitch au Malawi, de TCIB dans la Communauté de développement de l »Afrique australe (SADC) et de ZECHL en Zambie. Ces systèmes s’approchent de l’état idéal dans le cadre duquel l’intégralité des cas d’utilisation de paiement est intégrée, les coûts des transactions sont très bas et des mécanismes de recours transparents et efficaces existent.
(Source : Agence Ecofin, 8 mars 2023)